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Quelles sont les canicules et les vagues de chaleur les plus tardives en France ?

La plage de Saint-Jean-de-Luz bondée sous plus de 30°C en plein mois d'octobre 2023 !

 

L'été météorologique a pris fin le 1er septembre en France, s'accompagnant également de températures très fluctuantes sur notre pays après la période caniculaire de la mi-août dernier. Néanmoins, si l'été météorologique s'est terminé, des vagues de chaleur restent encore possibles en cette période de l'année et même encore plus tardivement dans la saison.

On retrouve en effet de nombreux exemples de vagues de chaleur tardives durant le mois de septembre, voire jusqu'en octobre.

Les vagues de chaleur les plus tardives

Les vagues de chaleur ne sont pas particulièrement exceptionnelles durant le mois de septembre et sont observées régulièrement depuis le début des relevés météo.

On peut par exemple citer les mois  2022, 2020, 2006, 1987, 19763, 1961, 1947, 1929, 1919, 1911, 1906, 1898 ou encore 1895 qui ont tous connu des vagues de chaleur après la fin de l'été météorologique. Néanmoins, certaines vagues de chaleur se sont tout de même démarquées par leur durée et/ou leur intensité durant le mois de septembre.

 

Chaleur tardive de la seconde décade de septembre : exemple de 1987

Une vague de chaleur remarquable s'est produit durant la seconde décade du mois de septembre 1987. Paradoxalement, cette vague de chaleur fut la plus longue de l'été calendaire en France, concernant tout le pays avec des températures surprenantes. On avait par exemple pu relever jusqu'à 38°C à Auch, 37°C à Saint-Girons (Ariège), Clermont-Ferrand et Bordeaux, 36°C à St Etienne et 35°C à Bourges.

 

Un pic de chaleur à la fin du mois de septembre : 1895

Encore plus loin dans le passé, on peut également citer le mois de septembre 1895 avec un temps exceptionnellement chaud et sec sur la majorité du pays. Les hautes pressions n'avaient jamais quitté la France durant tout le mois de septembre, s'accentuant même au-dessus de l'Europe Centrale lors de la dernière décade.

Ainsi, notre pays fut soumis à un flux de sud et un afflux d'air chaud quasiment tout au long du mois, avec un premier pic entre le 2 et le 9 septembre puis un second en tout fin de mois. On avait par exemple pu relever plus de 32°C le 24 puis le 27 septembre 1895 à Paris ! Sur l'ensemble du mois, la moyenne des températures maximales fut de 28°C à Paris, soit 3,6°C au dessus des normales 1971-2000, pourtant en vigueur un siècle plus tard.

Températures mesurées à Paris-Montsouris en septembre 1895 - via meteo-climat-bzh

 

Un début octobre exceptionnellement chaud : exemple de 2023

En terme de chaleur très tardive, il n'est néanmoins pas nécessaire de remonter aussi loin. En effet, la première quinzaine du mois d'octobre 2023 s'était montrée exceptionnellement chaude avec la survenue de deux vagues de chaleur tardives entre le 25 septembre et le 2 octobre et entre le 7 et le 13 octobre 2023.

De nombreux records mensuels de chaleur avaient ainsi été battus durant ces périodes à travers le pays et le mois d'octobre 2023 fut l'un des plus chauds jamais enregistrés en France.

Records de chaleur mensuels sur la France le 9 octobre 2023 – via Keraunos.org
 

Un coup de chaleur en seconde quinzaine d'octobre : 2022 

L'automne 2022 s'était montré exceptionnellement doux et même chaud sur notre pays, une véritable continuité de l'été. Le mois d'octobre fut en effet le plus chaud jamais enregistré en France avec une anomalie de température atteignant +3,5°C par rapport à la moyenne 1991-2020, la faute à des flux de Sud/Sud-Ouest récurrents apportant des épisodes de douceur/chaleur tardifs successifs.

Ainsi, une vague de chaleur particulièrement tardive a été observée sur la France à partir de la mi-octobre et notamment sur le sud-ouest du pays où les températures sont restées dignes de l'été durant plusieurs jours.

Températures maximales relevées ce mardi 18 octobre 2022 - Météo Villes

Le 18 octobre fut la journée la plus chaude avec plus de 30°C sur de nombreuses stations du sud-ouest du pays. Deux stations se partagent la valeur la plus élevée de la journée avec 33,8°C à Orthez ainsi qu'à Navarrenx ! Jamais une telle chaleur n'avait été enregistrée si tard dans la saison. Toujours dans les Pyrénées-Atlantiques, on a relevé 33,2°C à Cambo-les-Bains, 32,4°C à Lagor et 32,3°C à Oloron.

Avec 28,8°C, Bordeaux a connu sa journée la plus chaude après une mi-octobre (anciennement 28,5°C). Le record pour une seconde quinzaine a aussi été battu à Biarritz avec 31,4°C (contre 30,7°C) ! Parmi les valeurs notables du jour, on a également relevé 27,5°C à Clermont-Ferrand, 28,9°C à Montauban ou encore 31,1°C à Pau !
 

Quelle est la canicule la plus tardive ?

Si les vagues de chaleur sont assez fréquentes et présentes loin dans l'histoire au mois de septembre (bien plus rares en octobre), les canicules sont beaucoup plus rares dès la fin de l'été météorologique. Les canicules répondent en effet à des critères précis qui les rendent beaucoup moins habituelles déjà durant le plein été, à savoir des températures au-dessus de seuils fixes (peu importe la saison) pendant au moins 3 jours de suite.

Ainsi, il est particulièrement rare que ces seuils soient atteints et/ou dépassés tardivement dans la saison durant 3 jours d'affilé sur un secteur donné. C'est notamment à partir de la mi-août que les canicules deviennent plus rares en France avec peu d'exemples par le passé.

Répartition et intensité des canicules, et leur survenue après le 15 août (zone grise) - FranceInfo/Meteo-France
 

Seuls sept des 47 épisodes caniculaires recensés par Météo-France depuis 1947 ont débuté après le 15 août. Ils ont d'ailleurs tous eu lieu après l'an 2000 (2001, 2009, 2011, 2012, 2016, 2017 et 2023) et ils ont duré six jours au plus (trois de sévérité "faible" et trois de sévérité "modérée").

 

Une canicule exceptionnellement tardive en septembre 2023

Néanmoins, c'est en septembre 2023 que la canicule la plus tardive fut observée en France. A peine deux semaines après une canicule historique marquée par son intensité jamais vu passée un 15-août, la France se retrouve de nouveau concernée par une chaleur anormale.

Dans une situation de blocage en oméga, la chaleur s'accentue durant la période du 4 au 10 septembre, obligeant même le déclenchement d'une vigilance orange canicule sur 14 départements, une première en septembre.

Vigilance orange canicule sur la France le 9 septembre 2023 – Météo-France

Le seuil de forte chaleur (30°C) a été franchi sur plus de 60% des stations du territoire de manière continu entre lundi 4 et dimanche 10 septembre 2023, avec un pic à 77% le 9. Ce sont même 18% des stations (près de 1/5 du pays) qui ont atteint la barre les 35°C ce jour-là, une situation remarquable passé le cœur de l'été.

Part du territoire Français concernée par les fortes et très fortes chaleurs sur plus de 1700 stations Météo-France - du 1er au 10 septembre 2023

Parmi les stations principales, du 4 au 10 septembre, les 35°C sont dépassés jusqu'en Bretagne, Val-de-Loire, région Parisienne et même localement en Normandie. Le 4 septembre, le thermomètre s'affole avec jusqu'à 36.3°C à Bourges, 37.0°C à Poitiers ou encore 37.3°C à Angoulême. Sur le réseau secondaire, les valeurs sont encore plus exceptionnelles durant ce même après-midi du lundi 4 septembre, dépassant les 38 à 39°C sur le Poitou et l'Indre : jusqu'à 39.0°C au Blanc (Indre) et 39.3°C à La Trimouille (Vienne).

De telles valeurs sont des niveaux jamais vu auparavant pour un mois de septembre. Ce sont dès lors des centaines de records mensuels de chaleur qui sont battus, parfois plusieurs jours consécutifs, et ceci sur des stations avec des séries de données de plusieurs décennies... voire centennales comme pour Poitiers (1921) ou encore au Bourget (1920). Un bon nombre de régions sont concernées, notamment sur les parties Ouest et Nord de la France.

Records mensuels de chaleur battus du 4 au 10 septembre sur les stations principales de Météo-France

 

Le gap entre l'ancien et le nouveau record monte parfois au delà de +1.5  à +2°C, témoin de l'intensité historique de cette vague de chaleur. Un gain qui atteint +1.6°C à Poitiers (passant de 35.4°C à 37.0°C), ou même +3.2°C à Saint-Brieuc (passant de 28.3°C à 31.5°C) !

 

Retrouvez d'autres épisodes de chaleur tardive dans notre Chronique depuis 1850 >> ou notre Almanach >>

 

 

Auteur : Tristan Bergen

Photo de Guillaume SECHETHistoire du site Météo Metz